Devant l’Assemblée nationale, Édouard Philippe, ce 28 avril, a confirmé les principales annonces d’Emmanuel Macron mais en y apportant de nombreuses nuances, preuve que les multiples réactions sont parvenues jusqu’aux oreilles du gouvernement. Édouard Philippe a justifié le déconfinement, imprudemment annoncé dès le 13 avril, par le risque d’effondrement de l’économie. Si ce risque est réel, la solution n’est pas un déconfinement précipité mais une réorganisation de la société.
Ce confinement est une souffrance pour beaucoup, d’autant plus qu’il est mal organisé (des règles arbitraires pas toujours reliées à des impératifs sanitaires, des violences policières dans les quartiers populaires…). Il faut aussi se rappeler que si nous devons rester confiné·es c’est parce que l’hôpital et la recherche publiques ont été détruits ces dernières décennies, parce que les dirigeants gèrent de manière calamiteuse cette crise.
Les dangers d’un déconfinement brutal
Pour autant, déconfiner brutalement la population ne serait pas une solution. Cela risquerait de faire repartir la pandémie pour une seconde vague meurtrière. Alors, s’il est évident que l’on a envie de sortir, de voir notre famille et nos ami·es, de reprendre nos activités habituelles, il nous faudra encore un temps rester prudent·es, volontairement, pour nos vies. Ce n’est pas d’un déconfinement brutal que nous avons besoin, mais au contraire de matériel de protection pour les travailleuses et les travailleurs des secteurs essentiels qui bossent pour enrayer la pandémie et faire tourner la société. Comment peut-on imaginer ouvrir des usines, comme c’est déjà le cas, avec masques pour tout le monde, quand les hôpitaux et les supermarchés manquent de ces protections de base ?
Le 11 mai, une date patronale
Car il est évident que le 11 mai est une date patronale et non sanitaire. La preuve, la réouverture de beaucoup d’activités le 11 mai, et un peu avant ou un peu après, est prévue pour aller bosser, pas pour nos loisirs ! D’ailleurs, le Conseil scientifique préconisait une ouverture des écoles en septembre prochain seulement. N’est-ce pas ironique, alors, de proposer une réouverture des écoles dès le 11 mai alors qu’être assis⋅es dans une salle de spectacle ou de cinéma pendant deux heures paraît trop dangereux ? L’explication éducative semble un peu courte et la vraie raison est ailleurs : pour le patronat, il faut que l’activité économique reprenne, ça suffit de perdre des profits ! Pour cela, une seule solution : déconfiner, au risque de causer des dizaines de milliers de morts supplémentaires. Mais que valent nos vies, fassent aux possibilités d’accumuler toujours plus de capital ?
Ré-organiser la société
Plutôt que de prendre des risques inconsidérés, alors qu’il y a déjà plus de 20 000 morts en France, il est évident qu’il faut maintenir une activité la plus faible possible, en ne gardant ouverts que les secteurs essentiels. C’est ce que disent les soignant⋅es, c’est ce que disent les chercheur⋅ses, c’est ce que disent les syndicats de lutte. La crise économique guette, certes. Mais la solution, ce n’est pas de renvoyer rapidement les salarié⋅es au travail pour maintenir les profits des patrons. La solution, c’est de réorganiser en profondeur la société, en mettant les entreprises sous le contrôle des travailleurs⋅ses et en redirigeant les activités économiques vers la satisfaction des besoins essentiels de la population.
Entre le marteau et l’enclume
Mais les capitalistes au pouvoir nous chantent une chanson bien différente. Ils nous expliquent qu’une menace plus grande que le coronavirus et ses centaines de milliers de morts plane au-dessus de nous. Cette menace, c’est celle de la crise économique ! Les patrons de petites boîtes expliquent à leurs salarié⋅es que la boîte va couler et qu’ils et elles vont perdre leur boulot si l’activité ne reprend pas. Et les économistes libéraux, les éditorialistes et les politiciens se succèdent sur les plateaux télé pour expliquer qu’un ralentissement plus long de l’économie serait fatal.
Les travailleurs et les travailleuses se retrouvent donc entre le marteau et l’enclume : c’est soit la crise sanitaire, soit la crise économique. Soit la santé, soit le chômage. Ces faux choix sont insupportables, d’autant que ces deux crises sont déjà là ! Mais contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, il y a une alternative : c’est d’en finir avec le système capitaliste et de réorganiser l’économie pour satisfaire les besoins essentiels tout en préservant la santé de toutes et tous, sans chercher à maintenir les profits de quelques un⋅es.