Un « plan de sortie de crise » en 24 pages, présentant 34 mesures sanitaires, sociales, fiscales et écologiques. En produisant cette ligne commune, en dehors des partis briguant le pouvoir, le mouvement social s’affirme comme un acteur politique autonome. Une démarche à saluer, donc.
Fin mai, 20 associations (parmi lesquelles Attac, Greenpeace ou encore Droit au logement) et organisations syndicales (CGT, FSU et Solidaires) ont publié un « plan de sortie de crise », résultat de plusieurs semaines d’échanges et de discussions. Lancée au début de 2020, la convergence avait précédé la crise du coronavirus, et celle-ci ne l’a pas interrompu. Elle a même accéléré la réflexion sur les enjeux de la crise sanitaire, pour dessiner à grands traits un « monde d’après ».
Un regroupement syndical et associatif inédit
Fin mars, était lancée la pétition « Plus jamais ça » autour de 18 organisations associatives et syndicales qui appelaient à « reconstruire ensemble un futur écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là ». Volontairement mises de côté pour éviter toute confusion, les organisations politiques « de gauche » n’ont quant à elles pas réussi à surmonter le défi de l’unité tant les tiraillements liés à l’élection présidentielle à venir rendaient tout équilibre précaire. Des initiatives ont bien été prises mais aucune n’a permis de créer un rassemblement à la hauteur des enjeux.
Deux mois plus tard, le 26 mai, c’est donc de nouveau en toute autonomie que les syndicats et associations ont commencé à faire connaître leur ambitieux « plan de sortie de crise ». Même si 2022 est dans toutes les têtes, le choix a été fait, par ces organisations syndicales et associatives, de se placer en première ligne, d’assumer une vraie posture politique et de se refuser à encourager les querelles d’ego dans les starting-blocks électoraux.
« Plan de sortie de crise » à télécharger
En produisant une ligne commune, en dehors des partis briguant le pouvoir, le mouvement social s’affirme comme un acteur politique autonome. Une démarche à saluer, donc.
Un plan ambitieux à mettre en œuvre sur le terrain
Autour de 9 objectifs, ce plan riche et détaillé tâche de répondre aux enjeux sanitaires, démocratiques, sociaux, économiques et écologiques en proposant des mesures d’urgence : recrutement de 100.000 personnels soignants, levée de l’état d’urgence, régularisation des sans-papiers, hausse de 200 euros des salaires, droit de veto sur les licenciements, moratoire sur les loyers… mais aussi des mesures à moyen terme pour la relocalisation de la production alimentaire, pour la baisse du chômage par la réduction du temps de travail à 32 heures, ou pour freiner la spéculation financière.
Sur le papier, c’est donc très encourageant mais le plus dur reste à faire. En effet, aucune de ces mesures ne pourra voir le jour si on ne se donne pas les moyens de peser réellement sur le rapport de force, en constituant des collectifs locaux et en multipliant les initiatives sur le terrain. Face à la crise sociale avec son cortège de licenciements et d’expulsions locatives, il faudra être capables de contester pied à pied le plan de Macron visant à restaurer le monde d’avant et être capables de lui opposer un plan de transformation sociale visant à construire le monde d’après.