Décidément, le déconfinement sera tout autant inégalitaire que le confinement : le port du masque va être rendu obligatoire dans bien des cas, mais les masques, eux, ne seront pas gratuits. Ils vont même lourdement grever le budget des familles modestes. C’est encore la sacro-sainte loi du marché qui va prévaloir ! Pour l’UCL, cela démontre une fois de plus la nécessité d’une socialisation de la production du matériel médical et de prévention, et sa distribution gratuite et régulée, en fonction des besoins de chacune et de chacun.
Plusieurs villes comme Paris, Nice, Bordeaux ou encore Lyon veulent imposer le port du masque dans tout l’espace public. En région parisienne, ce sera 135 euros d’amende pour non-port du masque dans les transports en commun.
Or un masque devrait coûter entre 3 et 5 euros, nous annonce-t-on pour les masques en tissu. Ceux en papier devraient être vendu aux alentours de 1 euro. Chaque masque ne peut être porté que pendant quatre heures d’affilée. Et il est recommandé de jeter les masques en tissu au bout de 5 à 10 lavages. Ceci représente un coût supplémentaire pour nombre de précaires qui déjà n’arrivaient pas à finir le mois. Il faudra acheter des masques pour soi, des masques pour les enfants. Et pour les migrant·es, les sans domicile fixe, qu’en sera-t-il ? Un entretien compliqué
Au-delà de ce coût, il sera question aussi du lavage. L’Afnor et l’ANSM préconisent un lavage en machine de trente minutes à 60°C, suivi d’un séchage rapide et d’un repassage vapeur à 120°C. Autant dire que cela suppose de disposer d’une machine, d’un sèche-linge et d’un fer à repasser. Et pourtant nombreuses et nombreux sont ceux qui n’ont ni les moyens ni l’espace pour disposer de la panoplie complète.
Pour les précaires, les SDF ou les migrant·es, se protéger sera complexe. On peut craindre que les masques soient portés à plusieurs reprises sans être lavés. Moins pour se protéger du virus que pour éviter une amende. Pourtant l’INRS nous dit que le risque d’infection respiratoire est plus important lorsqu’on porte un masque en tissu que lorsque l’on porte un masque chirurgical. Au-delà du coronavirus, ce sont des germes, champignons et autres virus qui vont se développer dans des masques.
La loi de la jungle
Certaines collectivités territoriales ont promis des distributions de masques gratuits, mais se sont heurtées à la dure réalité : les capacités productives du pays ont été tellement réduites à force de délocalisations et de fermetures de site, comme celui de Plaintel (Côtes-d’Armor) que cet équipement basique et de première nécessité est devenu excessivement difficile à trouver.
C’est la foire d’empoigne sur le marché mondial et même la concurrence entre l’État et les collectivités locales ! Le marché noir explose. Des convois se font braquer, comme celui de 200.000 masques destinés à plusieurs communes franciliennes, le 7 mai en Espagne.
Pour l’UCL, le meilleur remède à la loi de la jungle, c’est la socialisation sous le contrôle des travailleuses et des travailleurs, et la relocalisation, dans ce cadre, des capacités productives sans lesquelles toute autonomie est illusoire. Et le seul remède à la loi du fric, c’est la distribution, gratuite et régulée, à la population.
De chacun·e selon ses moyens, à chacun·e selon ses besoin !