L’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud sont tiraillées, entre d’un côté des quarantaines et de l’autre des gouvernements sceptiques qui refusent d’admettre la gravité de la situation. Ces derniers souhaitent préserver leur économie au détriment des plus pauvres. Les quarantaines sont faites sans mise en place de politique sociales d’ampleur qui puisse répondre à toutes celles et ceux qui, faisant partie de l’économie parallèle et vivant de l’argent gagné au jour le jour ne pourront survivre sans mettre un pied dehors.
Néo-libéralisme et gauche populiste, une ligne commune met à l’écart de vraies mesures sociales. Les cas les plus marquants médiatiquement sont ceux du Chili de Piñera et surtout du Brésil de Bolsonaro.
Dans ces pays, les frontières ont été partiellement fermées. Les gouvernements continuent de jouer la montre et ne prennent des décisions qui ne bénéficient qu’aux élites. Au Brésil, bon nombre de dirigeant.e.s de la classe politique sont à contre sens du président, qui malgré tout s’entête et continue les déclarations tentant de faire passer la pandémie pour une fausse crise. Bolsonaro préfère prendre des mesures de sauvegarde des entreprises, leur permettant de licencier sans contrainte « de manière temporelle » le temps que passe la crise et laissant penser que le covid-19 n’est pas plus dangereux qu’un gros rhume… Le ministre de la santé prévenant même qu’à ce rythme, les hôpitaux seront en crise total dès le mois d’avril. Dans les deux cas, nos camarades anarchistes organisé.e.s, de la CAB [1] et de la FAS [2] ont vivement critiqué.e.s ces fausses mesures et appellent à se mobiliser. Nos camarades pointent le capitalisme comme responsable et affirment que la grève générale, arme légitime de notre classe est la seule chose à même de nous défendre et de nous protéger.
En Bolivie, quarantaine et fermeture des frontières ont été décrétées. Dans la foulée, le gouvernement putschiste en profite pour annoncer dès maintenant le report, sans date, des élections qui devaient se tenir en mai. Les dérives de la sur-militarisations du pays depuis le coup d’État était déjà d’une extrême violence. Nous craignons que la quarantaine, proposée sans réforme sociale pour l’appuyer, ne soit une excuse de plus pour légitimer la répression sanglante des populations indigènes et des quartiers périphériques.
Au Pérou, quarantaine et couvre-feu ont aussi été décrétés, et là encore ce sont en grande partie les militaires placés dans les rues pour faire appliquer les mesures. La Colombie est elle entrée en confinement obligatoire depuis le mardi 25 mars, même si les frontières étaient elles, déjà fermées, notamment avec le Venezuela où la quarantaine était déjà en place. Le pays, déchiré par la lutte pour le pouvoir entre Maduro et Guaido depuis la tentative de coup d’État, craint une catastrophe sanitaire à très courte échéance tant les services publics et hospitalier sont dans un état désastreux. 80% des établissements hospitalier n’ont pas d’eau courante plus de deux fois par semaine.
L’État uruguayen, premier pays du continent a avoir fermé ses frontières et les écoles, n’a toujours pas décrété de quarantaine obligatoire. Il y est vivement conseillé de rester chez soi et de ne sortir qu’en cas de nécessité. Les entreprises commencent à se mettre à l’arrêt mais en profitent pour procéder à des licenciements. Il est aussi à craindre, d’un point de vue tant sanitaire que social, pour la vie des habitant.e.s les plus pauvres, retranché.e.s dans les quartiers périphériques, si rien n’est mis en place pour assurer un revenu minimum à toutes et tous.
L’Argentine, après avoir fermée ses frontières aux pays à risques a rapidement fermé les frontières terrestres et maritimes ainsi que les écoles. L’annonce de la quarantaine, même si elle était attendue sur place, s’est faite très rapidement par un discours du président Alberto Fernandez jeudi 19 mars en fin de journée avec effet immédiat dès minuit, laissant très peu de temps pour s’organiser. Encore une fois, c’est à grand renfort de militaires et de toutes les forces de police qu’on entend mettre en œuvre cette décision. Dés le lundi suivant, on compta plus de 8800 arrestations dans tout le pays…
Malgré tout, les organisations sociales argentines arrivent à imposer un rapport de force et un revenu universel est en train d’être discuté. Cependant, celui-ci ne sera absolument pas suffisant pour vivre dignement. En effet on parle de 10 000 pesos/mois (155€). Le salaire minimum mensuel étant de 18000 pesos (262€) étant déjà à l a limite du seuil de pauvreté. Nos camarades de la FOB Autonoma participent aux discussions par le biais d’un front de lutte inter-organisation, rappelant que la quarantaine ne doit pas être romantisée. Elle peut être un risque pour les plus précaires qui n’ont déjà pas de quoi manger, tout comme pour la sécurité des femmes face aux violences qu’elles subissent. Les militant.e.s de la FAR [3] actif.ve.s aussi, rappellent l’importance de la solidarité et de l’entraide au sein de notre classe dans ces moments difficiles.
L’Amérique Centrale subit elle aussi les affres de ces dirigeant.e.s
Le président mexicain tient toujours son cap malgré les critiques. Le plan de « saine distance », prévue du 23 mars au 19 avril, et qui invite les mexicain.e.s à rester confiné ou à maintenir 1m50 de distance entre les personnes à l’extérieur reste la seule vraie mesure mise en place. A contrario et après avoir détecté 17 cas de Covid-19 sur son territoire, le Guatemala a décidé d’un arrêt partiel de la production industrielle du pays afin de contenir la pandémie. « Avec la Chambre d’industrie, nous sommes convenus d’une fermeture volontaire des industries non essentielles du pays pour une période de huit jours » déclare Alejandro Giammattei. Ce qui ne nous indique pas quelles mesures sont mises en place pour protéger les salaires des travailleuses et des travailleurs, pas plus que pour celles et ceux privé·es d’emplois ou pour celles et ceux en dehors du salariat formel. L’ancien révolutionnaire sandiniste Ortega, dirigeant controversé du Nicaragua ne croit pas en la gravité de la situation. Il organise toujours des rassemblements publics et ne prend aucune mesure. Il vient tout de même d’en appeler à Cuba, pour demander l’envoi d’une « brigade de médecin spécialistes », ce qui nous laisse espérer un changement de cap…
Le Honduras et le Salvador ont mis en place des fermetures de frontières et imposé la quarantaine. Au Panama pour le moment c’est un couvre-feu qui a été décrété. Tandis que le Costa Rica en appelle à la quarantaine et a fait fermer tous les lieux publics non nécessaires.
Nos vies valent plus que leurs profits, et pourtant, ce sont encore une fois ce sont toutes celles et ceux d’en bas, qui partout dans le monde subissent le plus violemment la crise. Notre classe à qui l’on voudrait tenter de demander de redoubler d’effort pour l’arrêter. C’est tout le capitalisme qui est en crise, tout un système qui montre une fois de plus ses faiblesses mais qui, de surcroit, a l’indécence de nous pointer du doigt comme responsable.
La quarantaine, actuellement, si elle est le meilleur rempart face à la propagation du Covid-19, n’est malheureusement pas une possibilité pour toutes et tous. Les politiques répressives misent en placent partout dans le monde le montrent bien, celles et ceux qui trinquent ce ne sont pas les bourgeois.e.s et les premier.ère.s ciblés par la répression sont comme toujours les habitant·e·s des quartiers populaires.
Nous devons partout créer des réseaux de solidarité et d’entraide concrète dans la mesure du possible. Imposons avec nos collègues le droit de cesser le travail pour stopper l’épidémie. Organisons nous-mêmes cette production. Revendiquons qu’un revenu digne soit assuré pour tou.te.s partout. Exigeons que les moyens nécessaire soient apportés aux services de santés et que les personnelles soignant.e.s soit protégé.e.s !