Les mesures d’endiguement annoncées par Macron sont aussi tardives que limitées. Mais il a au moins dit une chose juste : oui la loi du marché affaiblit la société. Parce qu’elle détruit le service public de santé, parce que le pays n’a plus d’autonomie en matière de production de médicaments… La crise du coronavirus révèle les tares du capitalisme.
Le monde vit une crise sanitaire, puisque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare maintenant que l’épidémie de coronavirus Covid-19 est une pandémie. La France est particulièrement touchée, avec des milliers de cas, dont le nombre est sans doute sous-estimé. En effet, de nombreuses et nombreux porteurs du virus ne présentent pas de symptômes, quand d’autres présentent des symptômes mais ne sont pas testé·es.
Des mesures faibles
Alors que d’autre pays prennent des mesures drastiques pour limiter la propagation du virus, le gouvernement français reste tiède. Certes, Macron a enfin annoncé la fermeture des crèches et des établissements scolaires et universitaires. Mais il avait déjà pris énormément de retard sur des choses élémentaires comme la commande de masques chirurgicaux, il s’entête maintenant dans des tentatives d’apaisement qui contrastent avec les discours de nombreuses et nombreux médecins et scientifiques qui appellent à la prise de mesures fortes.
La protection du capitalisme
Pourquoi ces réticences à, par exemple, fermer pour quelques semaines certains commerces non indispensables, certains services publics, certaines entreprises, certains transports en commun ? Parce que l’économie doit continuer sa course folle bien sûr ! Et ce, alors qu’une crise d’ampleur démarre sur les marchés financiers, dont le coronavirus n’est que le déclic, les bulles spéculatives en étant le fondement. Les capitalistes ne pourraient supporter de voir leurs profits diminuer pour sauver une partie de la population particulièrement vulnérable au virus.
Alors, au rebut les personnes âgées, au rebut les personnes dont le système immunitaire est fragile ! La société capitaliste dont Macron est le pantin en chef n’a pas besoin de vous, et va donc continuer sa marche presque comme si de rien n’était. L’État n’est pas garant de l’intérêt général mais bien au service des dominants !
La casse de l’hôpital public
Cette politique insupportable va causer des morts en France, mais elle n’est pas seule en cause. L’abandon, voire la destruction du système de santé ces dernières décennies l’ont rendu vulnérable aux épidémies d’ampleur. Les urgences craquent en temps normal, alors maintenant ! Les soignantes et les soignants alertent depuis des mois sur l’état déplorable du système de santé, malgré leur dévouement, par une mobilisation exemplaire. Elles et eux aussi vont faire les frais de l’épidémie, car on va leur demander toujours plus d’heures de travail pour faire face à l’afflux de malades. Les destructeurs de l’hôpital public vont porter une très lourde responsabilité.
La casse des conditions de travail
Les conditions de travail particulièrement dégradées qui sont imposées à de plus en plus de travailleuses et de travailleurs sont également en cause. Les jours de carence pour les arrêts maladie aggravent la propagation du virus, parce que les collègues préfèrent aller au boulot quand les symptômes ne sont pas trop alarmants, ne voulant pas voir leur paye amputée d’un, deux ou trois jours. Et la précarité galopante dans le monde du travail ? Quel auto-entrepreneur peut dire à son patron déguisé qu’il ou elle ne viendra pas bosser sans craindre de se faire virer immédiatement ? Et c’est ainsi que la maladie se propage…
De mauvaises solutions
Face à l’épidémie, certains vont ressortir leurs vieilles recettes nauséabondes. Les recettes racistes tout d’abord, en appelant à la fermeture des frontières. Pandémie ou pas, il faut accueillir les migrantes et les migrants qui fuient des situations bien plus compliquées, en refusant tout amalgame ! Des recettes autoritaires aussi, de contrainte des populations. Si nous sommes bien informé·es, nous comprendrons l’importance de prendre des mesures drastiques de confinement par exemple. Nul besoin de l’armée et de fichage supplémentaire pour faire respecter cela.
Pour l’action collectives des exploité·es
Plus encore, c’est si tous et toutes nous prenons des décisions en disposant des informations nécessaires, que ces décisions seront le mieux appliquées. Ainsi, les travailleurs et les travailleuses doivent pouvoir, par la mobilisation des collectifs de travail, imposer aux patrons, des mesures fortes en matière de gestion de l’épidémie sur les lieux de travail. Nos luttes à la base pour faire respecter notre santé seront les plus efficaces contre l’épidémie, car elle n’ont rien à faire des profits. Pour cela, nous disposons du droit de retrait, nous disposons du droit de grève, nous disposons de l’action collective et de l’auto-organisation des travailleuses et des travailleurs. Ne soyons pas trompé·es par « l’union sacrée » à laquelle Macron a appelé lors de son allocution : les capitalistes seront comme toujours mieux soigné·es que les exploité·es, l’état de l’hôpital public est dû aux politiques capitalistes de ces dernières décennies.
Tout ce que cela démontre, c’est que le capitalisme est incapable de gérer une crise sanitaire. Pire, il l’aggrave à cause de sa logique de profits. Une vraie politique de santé publique, c’est une politique qui oublie les profits pour endiguer ce genre d’épidémie. Face à cette crise pas de fatalité, faisons pression sur nos patrons pour parer au mieux à la crise !
Union communiste libertaire, 13 mars 2020