Avec le Coronavirus comme le reste de l’année, les personnes sans-domicile comme les sans-papiers restent les grand.es oublié.es. Encore une fois l’Etat néglige complètement les populations que le système capitaliste met à la marge. Celles-ci déjà fragilisées sont pourtant celles qui font le plus face aux risques sanitaires, et qui rencontrent le plus de difficultés lorsqu’il est question d’accès aux soins, à l’hygiène, au logement ou à la nourriture.
La catastrophe sanitaire, annoncée depuis des mois par les militant.es et associations de terrain, n’aura pas mis longtemps à se matérialiser. Déjà cette année, la mise en danger de ces personnes s’est aggravée après des nombreuses remises à la rue (expulsions de squats) et la réforme de l’AME (Aide Médicale d’Etat). Cette réforme, sous couvert de « lutte contre la fraude », a pour conséquence la mise en place d’un délai de 3 mois de carence pour l’accès aux soins des personnes migrant.es. Si après les premières annonces concernant le confinement les préfectures ont choisi d’allonger les titres de séjours, aucune information n’a été donnée quant à l’accès aux soins et à l’ouverture des droits AME. De plus, ces allongements de titres de séjours ne seront effectifs que pour une durée de trois mois, ce qui ressemble plus à une mesure administrative qu’à une réelle préoccupation sociale.
« Comment tu fais pour te laver les mains quand tu n’as pas d’évier ? »
Si les Centres de Rétention Administrative commencent à être évacués, c’est après que la situation soit devenue extrêmement dangereuse et intenable. Au CRA de Lesquin par exemple, les personnes retenues ont refusé de fréquenter le réfectoire, de peur d’être contaminées, et renoncent donc à s’alimenter. A l’heure actuelle, il est très compliqué de savoir ou ont été transférées ces personnes.
Ainsi l’Etat, dans sa chasse aux pauvres, montre une fois de plus son inconséquence par sa mise en danger des plus fragiles. De plus, la politique de verbalisation en cas de non-respect des règles du confinement est une aberration pour des personnes n’ayant pas d’autres solutions que la rue. Tout cela dans ce contexte de pandémie, que l’Etat prétend gérer, revient à une mise en danger de toute la population, et pire encore, laisser la situation tel quel sans prise en charge quand on est à la rue revient à une mise à mort annoncée.
« …Comment tu fais pour te confiner quand la police découpe ta tente chaque soir ? »
Ajoutez à cela la surcharge des services sociaux déjà actée bien avant cette pandémie, il ne restera bientôt plus aucune autre solution aux laissé.es pour compte que celle de crever la gueule ouverte. Avec le confinement total, le travail des associations et militant.es risque d’être rendu impossible. De fait, ces populations habituellement abandonnées par l’Etat se retrouvent dans une détresse sans précédent.
Depuis le début du confinement, l’Etat comme toujours, fuit ses responsabilités et s’appuie sur les associations, organismes sociaux et militant.es de terrain qui tentent de maintenir les solidarités vis à vis des personnes à la rue (distribution de repas, accueil, écoute, etc.). Néanmoins, si ces structures manquent déjà cruellement de moyens en temps normal, la situation n’a fait qu’empirer. En effet, des bénévoles manquent à l’appel et ne disposent de peu ou pas de matériel de protection élémentaire. Pire encore, si l’isolement social fait partie du quotidien des personnes sans domicile, aujourd’hui elles ne sont plus seulement ignorées, mais fuient ce qui leur retire leur déjà bien maigre source de revenu.
Face à l’urgence de la situation, l’Etat préfère débloquer 300 milliards d’euros pour les patrons, mais quelles annonces pour le social ? Nous savons que les dirigeants de tous les pays favoriseront toujours le maintien du capitalisme à la vie des populations. C’est pourquoi nous ne pouvons rien attendre d’elles et eux en ce qui concerne l’aide apportée aux plus fragiles, et que nous ne pouvons que faire appel à la solidarité de tous et toutes.
Dans ces temps difficiles et avec toutes les précautions sanitaires obligatoires, il est de notre responsabilité d’apporter un soutien humain et matériel aux individu.es concerné.es, associations, collectifs, militant.es de terrains. Si pour nous, la gestion de la société est l’affaire des personnes qui la font vivre (à savoir les exploité.es), c’est aussi car nous sommes le plus à même de savoir comment répondre face à ce genre de situation.