Aujourd’hui, le monde du travail réaffirme, dans l’unité interprofessionnelle, son rejet du « système de retraites par points » de Macron et compagnie. Pour gagner face au gouvernement, nous avons besoin de renforcer le rapport de force qui s’exprime depuis le 5 décembre, et l’inscrire dans la durée. C’est avec cet objectif en tête qu’il convient de se projeter dès maintenant sur les prochaines échéances, dont la journée de lutte du 8 mars prochain.
Il y a cent ans, le 8 mars 1917, les ouvrières de Saint-Pétersbourg (Russie) se mettaient en grève et manifestaient pour réclamer du pain et la paix. Leur soulèvement initiait ainsi un mouvement révolutionnaire historique. Le 8 mars de lutte et pour les droits des femmes étaient lancé. Hier, aujourd’hui, la grève est leur notre bouclier.
Sans les femmes, rien ne fonctionne.
Nous dépassons actuellement en France les 60 milliards d’heures de travail domestique enregistrées en 2010 par l’INSEE, soit un tiers du PIB (payé au Smic). Les femmes en effectuent 80%, ce qui représente une richesse de près de 730 milliard d’euros. La conséquence en est la suivante : si nous cessons ou si nous obtenons la rémunération de ce travail gratuit, alors l’économie ne peut plus fonctionner.
Le gouvernement attaque les femmes en premier lieu.
C’est pourquoi les lycéennes et les enseignantes s’organisent contre le bac Blanquer, les femmes gilets jaunes, s’unissent et luttent contre la précarité, les infirmières, aides-soignantes et personnels hospitaliers se battent depuis plus d’un an, les femmes des quartiers populaires se mobilisent contre les privations d’éducation et les violences subies par la jeunesse, les femmes protestent devant les commissariats et les institutions de l’état contre les féminicides dont ils sont les responsables et les complices silencieux, les femmes sont en grève et engagées dans la bataille des retraites.
Avec la réforme des retraites, c’est la misère qui attend la majorité des femmes.
Aujourd’hui, nous sommes 37% des femmes à percevoir moins de 1000 euros par mois. Avec la retraite par point c’est plus de 50% des femmes qui percevront moins de 1000 euros et les conséquences que cela implique : pas de droit à la vieillesse pour les femmes mais la subordination et la dépendance aux hommes pour survivre. La retraite par points va contraindre les femmes à travailler plus longtemps pour percevoir moins. Baisser les pensions des femmes, c’est donc augmenter l’exploitation des femmes. Ces politiques font également l’aveu des fondements machistes de l’économie : sans le travail gratuit des femmes , le système ne peut pas survivre. Augmenter leur exploitation c’est garantir la survie de ce système.
Voilà le choix que laisse la réforme des retraites par points aux femmes : perdre la liberté ou subir la misère si elles ont l’idée de se séparer ou de fuir les violences. « Le patriarcat est un juge qui nous juge à la naissance », et notre punition est la violence que vous ne voyez pas […] » (« Un violador en tu camino » Chant des féministes chiliennes). Les reculs sociaux s’accompagnent pour les femmes de pressions et de violences que ce soit sur le lieu de travail ou dans la sphère conjugale et familiale. Face à cette situation, l’État n’est pas la solution mais une partie du problème. L’état est au service de la culture machiste. Alors qu’elles ont aujourd’hui besoin de vérité et de justice, elles sont cernées par des politiques machistes et partisanes des raisons mêmes de leurs malheurs : le patriarcat.
Des contre-pouvoirs féministes partout !
Les femmes doivent continuer à se lier aux luttes sociales et y porter leurs revendications. En 2016, la mobilisation contre le projet de Loi El Khomri a déjà été l’occasion de mettre en avant la précarisation spécifique que subissent les femmes. Plus récemment, le mouvement des gilets jaunes a lui aussi été l’espace privilégié d’organisation et d’élaboration de revendications des femmes. Cette grève du 8 mars est un moment qui doit permettre de construire les cadres qui permettront à toutes les femmes de tisser des liens dans la durée et porter un point de vue féministe dans les luttes sociales actuelles et à venir.